Le rôle de la diaspora corse par Edmond Simeoni

Corse éternelle : destination retour

La diaspora corse existe, nous l’avons rencontrée ; en effet depuis le début de la décennie 1970, notre mouvance – l’Arc à l’époque- a estimé que c’était une donnée essentielle de la « question corse » ; pour la raison simple qu’elle était partie intégrante du peuple corse, concernée par son devenir et représentative d’un capital humain important et d’une force majeure Nous avons opté pour une stratégie d’échanges, de contacts avec d’innombrables déplacements sur le continent français, où en 1970, nous rencontrions nos étudiants, où nous sous sommes adressés à elle à travers les Amicales notamment et où nous l’avons progressivement associée aux luttes et revendications insulaires : économiques, fiscales ( Décret de 1811, Arrêtés Miot) ; puis, elle participé, à nos côtés, au combat des Boues Rouges en 1973, à la lutte d’Aléria en 1975 où sa disponibilité, son engagement ont fait merveille dans l’expression de la solidarité et des demandes politiques concernant un Statut d’Autonomie Interne au sein de la RF. Nous l’avons intégrée dans nos instances et lors de premières élections territoriales de 1982, deux de ses représentants étaient élus sur notre liste avec cinq autres militants.

La diaspora a été présente dans tous les combats de cette période cruciale de l’émancipation de la Corse, à travers les luttes pour les transports, pour la langue corse, l’Université, celle-ci menée en particulier avec l’université d’Eté, l’Association des Etudiants Corses de Paris.
Puis en 1981, avec l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, la diaspora a joué un rôle essentiel notamment parce que Bastien Leccia, Président de la Fédération des Groupements corses de Marseille, a été l’intermédiaire entre l’Etat,, nous-mêmes et les forces de progrès pour préparer des réformes majeures ( Statut Particulier, Université, dissolution de la CSE, arrêt des Barbouzes de Francia, libéralisation des media, amnistie des prisonniers politiques…).

Dès lors, la diaspora est devenue partie intégrante et active de toutes les luttes du peuple Corse et il n’a jamais été fait appel en vain à sa solidarité ; des liens se sont tressés, des échanges se multiplient ; nombre de nos compatriotes retournent dans leur île, participent à son développement etc…

 

Après des décennies de luttes, démocratiques avec toutes les forces de progrès de Corse, mais aussi violentes avec le FLNC – qui a renoncé de manière définitive aux actions armées-, la Corse commence à s’apaiser mais croule sous les problèmes graves. A l’heure où le futur de la Corse se dessine, avec des choix essentiels  concernant le droit à la vie de son peuple, ses nouvelles institutions, le développement durable, l’insertion dans l’Union Européenne et dans la Méditerranée, notre diaspora peut-elle contribuer à la réflexion collective et à la réalisation du projet insulaire ? Si oui, suivant quelles modalités et par quels moyens
Un immense challenge qui attend la Corse est le rassemblement de toutes les forces de notre peuple, dans le respect de leur diversité, pour amorcer la naissance d’une Corse nouvelle, par le seul dialogue. Les élections de Décembre 2015 permettront le choix démocratique.

Notre proposition est triple ; elle vise à institutionnaliser et à organiser la participation de la Diaspora, désormais,  à la gestion des affaires de l’ile. Dans cette optique, nous ferons des propositions :

  • une très ancienne, la création d’une Agence du Retour  qui doit permettre aux Corses, qui le souhaitent, de retourner dans leur Pays. Elle étudiera, en concertation, avec la diaspora, ses Amicales, la conception et le fonctionnement de cette institution dont le sens symbolique n’échappera à personne mais qui est sous-tendue aussi par une volonté de justice, de solidarité et l’intérêt supérieur du peuple corse.
  • Une plus récente le Comité consultatif des Corses de l’Extérieur qui est devenue aussi une revendication de la Fédération des Groupements Corses de Marseille. Comment la diaspora pourrait-elle être absente des décisions sur les transports, les Arrêtés Miot, les projets politiques et économiques de l’île alors qu’elle  est une composante essentielle du peuple corse.
  • Une nouvelle :  nous proposons, après les élections, une large concertation de l’Ile avec sa diaspora pour le choix des nouvelles institutions, et de leur contenu économique, social et culturel.

Bastia le 4 Novembre 2015

Docteur Edmond Simeoni

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