Projection du film « Mémoires corses du jeune Flaubert » vendredi 19 janvier 18h Maison de la Corse-entrée libre
On est en octobre 1840, Flaubert 19 ans, fraîchement bachelier débarque à Ajaccio comaqué par un ami de son père. Le séjour de celui qui deviendra l’auteur de «Madame Bovary » va durer à peine quinze jours le temps de remonter sur Bastia en découvrant l’intérieur de l’île. Après Ajaccio, Flaubert se lance dans une virée jusqu’à Sagone et Vico, revenu à son point de départ il va passer par Bocognano, Vizzavona, Ghisoni, le Fium ‘Orbu, la Plaine orientale, Aleria, Corte avant de rejoindre Bastia par Piedicroce.
De Bastia il n’aime ni les églises ni les commodités des mœurs italiennes et françaises • incarnées par la vocation portuaire et commerciale de la ville contrairement à la Corse authentique qu’il vient de parcourir de village en village. Du bord occidental de la mer – épargnée par le tourisme - des paysages, de la nature préservée il est enthousiaste. Il se délecte aussi de ce que les gens qu’il croise ici et là lui racontent et qu’il se fait traduire par ses guides successifs. Certes, certaines coutumes insulaires l’étonnent comme le port d’armes généralisé, comme le nombre de bandits réfractaires à la conscription, mais jamais il ne verse dans le dénigrement. Il est ouvert aux humbles rencontrés en chemin. Il est curieux de légendes telle« La Sposata».
Il s’intéresse à l’élevage, à l’agriculture. Il est ravi de l’accueil qu’on lui réserve et du sens de l’hospitalité des Corses, qui est alors pratique courante. Flaubert et son escorte font des 10 à 14 heures de cheval par jour pour aller d’une étape à l’autre. Sportif le séjour !. .. L’absence de vraie route à l’intérieur oblige ceux qui y voyagent à avoir une bonne condition physique … Sur un ton vif et enlevé le film fait également la part belle à l’iconographie. Les intervenants choisis livrent des informations pour comprendre une île au rythme de vie traditionnel loin de l’agitation des métropoles hexagonales. Olivier Jéhasse relève la préscience de Flaubert devant Aleria qui lui évoque le monde étrusque et romain alors que le site n’est pas fouillé. Sylvain Gregori insiste sur le phénomène du banditisme à l’époque et sur les assassinats qui sont légion et de l’impéritie du pouvoir à faire régner la loi. François Casabianca explique bien l’état de l’élevage dans cette économie autarcique et autosuffisante de la Corse d’alors. Danielle Maoudj revient sur la société patriarcale insulaire qui ne laisse qu’une maigre place aux femmes. Flaubert par la suite visitera l’Italie, l’Égypte, la Palestine, Istanbul, la Tunisie, la Bretagne. Il a l’âme voyageuse qui s’est peut- être révélée en Corse.